Elle est noire, elle est belle, elle est forte, elle est increvable, elle est redoutable et intrépide, elle impressionne…. Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs… EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEL DIIIIIIIIABLO !!!!!! Autographes ? Qui ? Oui, oui… Qui d’autre ?
Laissez place, merci merci ! Attention, elle c’est une Mexicaine et t’as pas intérêt à la contrarier. Alors ne nous sort pas qu’il lui manque un papier officiel pour passer la frontière et qu’il faut retourner à Tulum. Nous prenons les choses en main et commençons à baratiner la stagiaire de la douane dans les règles de l’art, qui, visiblement impressionnée que l’on soit venu du Mexique, oubliera presque de nous faire payer les 20 dollars d’assurance obligatoire. Et Hop ! Alllllez !!!! Et une frontière de plus au compteur ! Si ça ce n’est pas du genre « impose ton style et fou moi la paix »…
Tout le monde est bien assis confortablement ? Alors c’est parti, direction Estelí sous 45 p*t@!n de degrés au soleil… et sans caprices (s’il vous plait). Les paysages deviennent arides et le chemin qui nous y emmène est complètement pourri, en travaux et criblé de trous qui manquent à chaque fois de faire exploser les 4 beaux caoutchoucs d’El Diablo. Mais finalement, nous nous en sortons pas trop mal. Il est vrai qu’on s’est fait enfumer l’habitacle plus d’une fois à chaque dépassement de 4 x 4 (disons qu’il faut s’y prendre à l’avance pour fermer les vitres…), mais pas d’inquiétude on s’amuse aussi de notre coté avec les tracteurs et les camions !!! Une petite course entre bolides au Nicaragua, ça réveille les sens. « Largues ton attelage de patates… t’as aucune chance Pedro, El Diablo elle va te fumer. »
Bon, fini les rigolades ! Pour tout avouer, notre première impression en arrivant au Nicaragua n’a pas été très bonne. Probablement les seuls touristes dans cette petite ville renommée pour ses cigares, les habitants baissent la tête lorsqu’ils nous croisent dans la rue et nous renseignent froidement lorsqu’on ose demander notre direction. Traversée par la Panaméricaine, Estelí est une ville assez pauvre où les graffitis (parfois de réelles œuvres) recouvrent nuits après nuits les façades des bâtiments. Les quelques musées et panneaux explicatifs nous racontent que la ville a été longtemps touchée par la guerre civile qui opposait les sandinistes aux contre-révolutionnaires. Son manque d’activité diurne nous fait rapidement comprendre qu’il n’y pas grand intérêt à rester une nuit de plus. Toutefois, la bonne pièce de viande dégustée dans un petit restaurant local face à la cathédrale illuminée de nuit valait la peine de marquer cet arrêt avant de continuer sur Matagalpa.
Le climat qui a radicalement changé, nous dévoile une ville entourée de montagnes verdoyantes, de forêts humides et de plantations de café. L’hospedaje (signifiant logement chez l’habitant bien moins cher que les hôtels en eux-mêmes) où nous nous trouvons offre une magnifique vue sur les montagnes environnantes. La famille Nicaraguayenne qui nous héberge est chaleureuse et nous questionne timidement sur notre traversée d’Amérique Centrale. Matagalpa est une petite ville agréable, mais qui reste assez calme. Les quelques bars et discothèques que nous expérimentons craignent et manquent d’animation nocturne. Dès la tombée de la nuit, les rues se vident et l’on ressent tout de même qu’il est préférable de ne se déplacer qu’en groupe. Lorsque nous nous baladons un peu dans les hauteurs de la ville, un couple nicaraguayen nous conseille de ne pas traîner, appareil photo à la main, dans ces zones pauvres hors centre ville. Le lendemain, nous visitons une finca (ferme) à dos de cheval et ses centaines d’hectares de plantations de café. Les paysages aux alentours sont un étrange mélange de forêt vierge, de palmiers et de fleurs que les locaux appellent la « Selva Negra » ou « Forêt Noire ». Quelques minutes avant de reprendre la route, nous assistons par hasard à la fête annuelle de l’université de Matagalpa…. écoliers et écolières au rendez-vous, tous maquillés et déguisés.
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Changement de décors absolu, on quitte –toujours à 3 – les montagnes pour tirer vers la côte ouest du Nicaragua et rejoindre la ville de Léon. La température redevient cuisante et les sols, eux, secs et arides. Nous longeons à plusieurs reprises d’impressionnant et majestueux volcans. Un horizon singulier qui suscite la première fois un sentiment d’étrangeté. A une 20aines de kilomètres de notre point de chute, Las Penitas, est une des plages les plus réputées d’Amérique Centrale pour surfer. Attention néanmoins, certains spots de surf peuvent être dangereux et particulièrement ceux au Nicaragua, Salvador et Costa Rica (les vagues du Pacifique et les lames de fonds ne font souvent pas bon ménage). Débutants, ne comptez pas sur un sosie de David Hasselof pour vous secourir, les locaux préfèrent regarder les vagues que les affronter et ne savent généralement pas nager. Hormis cela, le soleil se couchant à l’ouest, le spectacle lumineux sur l’océan n’est à manquer pour rien au monde (voire clichés).
Quant à la ville de Léon, elle est encerclée de volcans toujours en activité qui ont malheureusement laissés des marques indélébiles sur la région. Le Volcan « Cerro Negro » est l’un des volcans les pus jeune du monde et dont la dernière éruption en date remonte au siècle dernier (1999) créant deux nouveaux cratères, est celui sur lequel nous avons décidé de faire du surf… Oui j’ai bien dit surf ou plus exactement du «Volcano Boarding ». Ces tours sont organisés par le « Via Via » et le « Bigfoot », deux auberges populaires se faisant concurrence et se tirant la bourre en permanence. J’avais déjà essayé sur les dunes de sable de Mui Ne (Vietnam) mais sur de la roche volcanique, jamais ! Et vous pensez ça facile ? Que nenni, tu n’y es pas du tout ! Une bouteille d’eau pour les 996 mètres de montée et notre planche en bois sous le bras (bah oui on n’allait pas nous filer une planche Burton pour surfer sur des cailloux), nous voila parti pour une petite heure de grimpette. Une fois au sommet, les vues sur les autres volcans ainsi que celle sur notre propre cratère sont saisissantes. Même la petite attraction pour touristes à la clé, la vue du haut du volcan vaut le coup ! On profite de l’inattention de notre guide donnant un cours succinct sur la façon de positionner nos fesses sur la planche de bois pour faire les guignols, vêtus de nos belles combinaisons oranges tel des prisonniers sortis tout droit d’Alcatraz (avec le masque débile de chimiste bien sûr). Le challenge, car il y en a un, est de battre le record de vitesse descente qui s’élève à 78 km/h !!! Le taré, ou plutôt la tarée car c’est bien une fille qui a établie le record… et non elle n’est pas à l’hôpital (j’ai quand même demandé). En effet, c’est vrai qu’il n’y a rien de plus stupide pour s’exploser le portrait dans le décor… mais le pire c’est qu’on aime ça ! Un gus nous attend en bas de la descente pour nous viser avec son capteur de vitesse mobile. Val et moi se défions pour savoir qui fera mieux que l’autre. Notre guide lance le départ : Gooooooo !!! 2 à 3 minutes de descente contre 45 minutes de montée, ça fou un peu les boules mais bon c’était le jeu. A plus de 50 km/h ce truc n’est vraiment pas très stable… à la suite de quoi on finit tous les deux en roulé-boulé dans les roches volcaniques. Autant dire qu’on n’est pas sorti indemne… C’est alors qu’écorchés de partout malgré nos super-combinaisons, qu’on attend le verdict comme des étudiants impatients de savoir s’ils ont eu leurs exams ou non. Donc…c’est raté, ou râpé (sûrement plus adapté au contexte). Shit, j’avais l’impression d’être allé à au moins 100 km/h !! Ca sera… 63 km/h pour Val et 62 km/h pour Chris… Ahhhh, pfff !!! Le fumier il m’a battu d’un kilomètre heure, je prendrai ma revanche !
On se prélasse à Léon, niveau culturel on ne s’y investi pas beaucoup mais sur le plan échange avec les habitants, on y apprend d’avantage à faire progresser notre espagnol. Pub Quizz et parties d’échec avec les locaux dans le bar de l’auberge Via Via. La ville, habituellement festive, entend favoriser la mixité entre les nicaraguayens et les étrangers. Le club de nuit « le Cameleon » en est un bel exemple. Néanmoins, l’image que je garderai de Léon est l’image d’une ville exploitée par le business touristique loin du respect des locaux et de leur environnement. Premièrement, ce que je trouve aberrant c’est que l’on parle mieux l’espagnol que les gérants des auberges !! Ce qui donne l’impression qu’ils se sont installés comme s’ils étaient chez eux en continuant à parler anglais ! Deuxièmement, le camion qui est en charge de nous amener au pied du volcan déboule à toute vitesse dans les ruelles des petits villages indigènes alors que des enfants jouent au ballon sur le bord de la route. Deux fois par jour, une horde de touristes vient s’amuser sur le volcan et pensent qu’ils ont le droit car ils ont payés ! L’équivalent d’un mois de salaire au Nicaragua déversé aux auberges et pas un centime reversé aux locaux, pour aller faire les idiots sur un de leur patrimoine national. En 1992, lors d’une éruption volcanique, les cendres ont totalement recouvert la ville de Léon forçant les locaux au pied du volcan à évacuer en moins d’une heure emportant chèvres et enfants et laissant derrière eux leur maison. Pensez-vous réellement que le camion qui passe devant 4 fois par jour est venu leur porté secours ? Une facette bien cruelle du tourisme, n’est-ce pas ?
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On décide de sauter la capitale Managua pour préférer passer plus de temps à « San Juan del Sur » et sur l’île d’Ometepe qui sur recommandations de voyageurs valent le coup. Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Val et on compte bien fêter ça comme il le faut. Un bar de musique live en bord de plage sera notre QG pour la soirée. Val ne pourra pas s’en empêcher d’aller gratter avec les musiciens pendant une bonne partie de la soirée, qui fera durer la soirée deux heures plus tard que l’heure de fermeture habituelle du bar. Sa prestation musicale nous vaudra également les consommations gratuites… alors c’est vrai on s’est un peu lâché sur les Cuba Libre 5 ans d’âge. A la fin de la soirée, Val s’aperçoit sans le savoir qu’il a joué en compagnie de Tony notre voisin de chambre du Salvador. En sortant du bar pour migrer dans un autre, un local tente de nous racketter de l’argent… sauf que quand un Salvadorien à décrété qu’on était ses potes, alors c’est comme si on le rackettait lui. Une seconde plus tard, on se rend compte que Tony est entrain de courir avec son couteau à la main après notre racketteur… « Muchas gracias Tony, mais t’as toujours un couteau de 20 centimètres sur toi ? », « Oui, enfin là je suis en vacances donc j’ai pas mon flingue !! »… Pas besoin de vous faire un dessin, mieux vaut avoir un Salvadorien comme ami plutôt qu’ennemi !
Bon, nous on va aller s’éclipser pour quelques jours sur notre île, si vous n’en voyez pas d’inconvénients. On nous a dit qu’Ometepe c’était beaucoup plus PEACE !!
L’île d’Ometepe est située sur le lac Cocibolca (ou lac du Nicaragua) et formée par deux volcans : Concepción d’une hauteur de 1610 mètres et Madera de 1394 mètres. La majorité de la population d’origine aborigène (teint mate, pommettes saillantes et de petite taille) se dédie à l’agriculture tandis que les quelques pèlerins profite de ce cadre enchanteur. Lorsque le soleil se couche derrière Conception, la lune apparait derrière Madera… Quelques auberges ont prient racines entre ces deux volcans. Le « Little Morgan’s » et le « Zopilote », deux auberges hippies écologiques. Contrairement à Léon, ici on vie en harmonie avec les locaux et même, certains bénévoles les aident développant des projets humanitaires (construction de logements, aide médicale et aide scolaire). Cette île est un petit bout de paradis entourée d’eau douce. Nos quelques jours sur cette île nous feront sérieusement revoir l’image que nous avons eue du Nicaragua. Lorsque la nuit tombe, des milliers de lucioles envahissent les lieux qui, en plus du clair de lune, viennent éclairer les rives de l’île. Un spectacle qui ne peut qu’en mettre plein les yeux. Une nuit à la belle étoile dans un hamac pour 3 dollars, pèche au filet, barbecue, buvette et parties de billard remplissent aisément nos journées sur l’île. L’ambiance du « Little Morgan’s », les gens rencontrés ainsi que la bonne humeur qui animait cette petite communauté est loin de nous faire oublier cet endroit magique. Si vous cherchez un endroit pour disparaître ou être loin du monde moderne occidental, sautez dans le premier avion, il n’y a pas mieux !
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Après s’être décidé à quitter l’île, on retrouve El Diablo qui nous attendait bien sagement près du port. Malgré qu’elle ait un peu pris l’eau en notre absence, elle semble encore en forme pour nous emmener jusqu’au Costa Rica… Avant de se confronter aux formalités douanières (qui vont d’ailleurs s’avérer très laborieuses), on rempli Titine d’un bon plein d’essence deux fois moins cher qu’au Costa Rica…